Avoir le chef en tête, par Antoine Perraud Musarderie étymologique et lexicale à travers les chefs d'une accusation Le terme chef a connu des détours avant de percer. Il a eu un ou deux concurrents avant de rester seul en lice. Puis il s'est imposé avec une efficacité envahissante et virile. Mais, en le prenant au mot, ne peut-on pas forcer le chef à se découvrir ? Antoine Perraud est producteur à France Culture. Du maître au coach, par Michel Erman La chefferie doit autant au discours de persuasion qu'à l'image avantageuse. Le « discours du chef » a ses métaphores traditionnelles, devenant communes aux mondes politique, économique et sportif. Après le lion, le tigre et le loup, voici le coach, moins redoutable et plus entraînant. Un mot à examiner de près. Michel Erman est professeur de linguistique et de poétique à l'université de Bourgogne. Il travaille en particulier sur le discours politique. Dernier ouvrage paru : Poétique du personnage de roman, Ellipses, 2006. Pasteur ou bien tisserand ?, par Dimitri El Murr La politique est question d'unité, ou plutôt d'unification. Or penser cette unité sur le modèle du tissage n'est pas la même chose que de la penser, par exemple, sur le modèle du mélange. La réunion de deux liquides miscibles ne produit pas une unité du même type que celle de la chaîne et de la trame dans l'étoffe d'une toile tramée. Tel ou tel élément du mélange peut disparaître dans la fusion qui produit une nouvelle unité substantielle. Mais la chaîne et la trame ne cessent jamais de se distinguer ; elles sont toujours dénouables. Dimitri El Murr est ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Agrégé de philosophie, maître de conférences à Paris I à partir de septembre 2007. Son dernier livre publié : L'Amitié, Flammarion, 2001. Chefferies, par François-Bernard Huyghe L'autorité fut longtemps l'attribut du chef. Il suscitait spontanément l'obéissance. Or notre société privilégie l'influence. Plus d'autorité, donc plus de chef ? François-Bernard Huyghe est docteur d'État en sciences politiques, habilité à diriger des recherches en sciences de l'information et communication. Il intervient comme formateur et consultant. Dernier livre paru : Comprendre le pouvoir stratégique des médias, Eyrolles, 2005. L'icône démocratique (à propos des portraits de Gambetta), par Michel Melot Être chef, en démocratie, devient-il une simple affaire d'image ? Omniprésente, inévitable, banalisée, l'image devient en tout cas une affaire politique. Elle s'impose pour rassembler les énergies dispersées et colmater les brèches de sociétés fissurées. Ainsi se construisent les républiques, à coups d'images. Michel Melot a été président du Conseil supérieur des bibliothèques. À la fin de son mandat, en 1996, il a été chargé de la sous-direction de l'Inventaire général et de la documentation du patrimoine. Son dernier livre paru : Livre, avec des photographies de Nicolas Taffin (L'Œil neuf, 2006), voir entretien dans Médium n°10. En majesté, par Daniel Bougnoux Dynamique des images : certaines ne s'arrêtent pas au sage face-à-face mais cherchent un contact virulent, une invasion de la conscience, une pulsion d'emprise. En deçà ou au-delà de la représentation, elles détiennent un pouvoir et manifestent un ascendant. « Présence réelle », vertu d'incarnation, magnétisme ou influence galvanisante..., ce vocabulaire théologico-politique contourne la relation sémiotique en direction d'une action plus vive, et plus dangereuse pour les sujets menacés de suggestion. On reconnaît à cela le chef : dès son image il en impose, son effigie ne l'éloigne pas. Daniel Bougnoux est professeur émérite à l'université Stendhal-Grenoble III. Son dernier livre paru : La Crise de la représentation, La Découverte, 2007. Premiers rôles, par Louise Merzeau Les mécanismes de la gouvernance et de l'autorité ne s'exercent qu'à travers une mythologie, simultanément mystificatrice et normative. Il n'est pas de chef sans une figure, où s'incarne la rencontre d