Regain antisémite : faillite du devoir de mémoire ?, par Esther Benbass Pas de transmission sans mémoire. Mais qui dit devoir ne dit-il pas contrainte et obligation ? À ne garder que la mémoire des victimes, n'oublie-t-on pas leur culture et le contenu spirituel d'une très longue histoire ? Après le pas assez, le trop de mémoire n'aurait-il pas ses effets pervers ? Questions dérangeantes. Questions à réfléchir. Esther Benbassa est directrice d'études à l'École pratique des hautes études (EPHE), titulaire de la chaire d'histoire du judaisme moderne, et chercheur invité au Netherlands Institute for Advanced Study. Dernier ouvrage paru : La République face à ses minorités. Les Juifs hier, les musulmans aujourd'hui, Paris, Mille et Une Nuits-Fayard, 2004. La formation du Nouveau Testament, par Régis Burnet Si le christianisme est une « religion du livre », la clôture du canon des Écritures aurait dû être la priorité absolue des premiers chrétiens. En réalité, la fixation officielle n'intervint que fort tard. Pragmatiques, les chrétiens laissèrent aux contraintes de la production et de la diffusion le soin de concrétiser ce choix capital. Régis Burnet, ancien élève l'École normale supérieure, a un doctorat de l'EPHE (5e section). Il est professeur agrégé de communication à l'IUT de Montreuil. Il vient de publier un « Que sais-je ? » sur le Nouveau Testament (Presses universitaires de France, 2004) et une histoire de la réception de la figure de Marie-Madeleine (Marie-Madeleine ier-xxie siècle, Paris, Cerf, 2004). Éloge du sac et de la corde, par François Dagognet Le minimal sied à la transmission. Le sac plastique mobilise les pondéreux, les cordes vocales transportent la voix. Plus ténu le médium de liaison, meilleures ses performances. Ce que montre ici l'un de nos maîtres préférés, dans une description aussi prosaique que poétique. François Dagognet est professeur de philosophie émérite. Son dernier ouvrage paru est Philosophie des réfractaires. Initiation aux concepts (2004, Les empêcheurs de penser en rond). La télécommande et l'infantile, par Philippe Meirieu L'étude des intéractions entre technique et culture à quoi s'adonnent les médiologues ne saurait éviter un bidule décisif : la télécommande. C'est une inflexion de plus dans l'histoire des outils, mais peut-être un tournant dans celle des mentalités. La preuve : on ne peut plus éduquer après comme avant. Philippe Meirieu est directeur de l'IUFM de Lyon. Son dernier ouvrage paru est Le monde n'est pas un jouet, (2004, Desclée de Brouwer). La fin des disciplines d'enseignement, par Maurice Sachot Si enseigner c'est former l'être de quelqu'un, comment former sans inculquer ? C'est à cette question que répond la notion de discipline d'enseignement, toujours au cœur des bouleversements actuels de l'Éducation nationale. Mais, avec les impératifs de la société utilitariste et marchande, les disciplines, réduites à des savoir-faire, se vident peu à peu de leur sens. Maurice Sachot est professeur en sciences de l'éducation à l'Université Marc Bloch (Strasbourg). Sur l'art de masse, par Roger Pouivet Roger Pouivet aborde ici une question clé : les nouvelles technologies sont-elles en passe d'inventer un art nouveau, « l'art de masse », en rupture avec l'ancien ? Au lieu de le condamner comme sous-culture, ne devrait-on pas y voir un mode original d'expression ? À cette question, les médiologues ont leurs propres réponses, qui ne sont pas exactement celles de l'auteur. La discussion est ouverte. Roger Pouivet est professeur à l'université de Nancy 2 et chercheur aux Archives Poincaré (CNRS). Il a notamment publié L'ontologie de l'œuvre d'art, Nîmes, Chambon, 2000 et Qu'est-ce que croire ?, Paris, Vrin, 2003. L'aura photographique : triomphe ou implosion ?, par Monique Sicard Dans un texte célèbre, Walter Benjamin imputa à la reproduction photographique l'évanouissement de l'aura attachée à l'œuvre d'art. Mais, contre toute attente, c'est la photo elle-même qui tend aujourd'hui