Dans un écrasement l'avion s'élève. À travers le hublot, mes pensées s'accrochent aux nuages, elles sont appréhensions et excitations. Le paysage défile dans un coin de ciel et s'estompe avec l'altitude. Je pars enfin à la poursuite des parts de moi qui vivent ailleurs, ces tesselles de ma mosaique éparpillées dans l'inconnu. Je pars remodeler de réel mes images d'Épinal, je pars à ma rencontre.
L'avion tout comme moi est soumis à des forces contraires. Le moteur et mon cœur turbinent à pleins gaz pour s'élever vers l'ailleurs. L'attraction terrestre et tout ce qu'elle contient de doute, de conformisme, luttent pour me maintenir au sol. Durant le trajet il y a quelques trous d'air, ils me semblent être des sursauts de peur sous la peau du ciel.