Il y a un an, un jeune homme inconnu, s'ignorant lui-même et descendu depuis peu de ces montagnes poétiques et sévères du Jura qui ont produit une race d'hommes si remarquables, nous faisait imprimer un volume de poésies intitulé : Napoléon III. Ce livre n'était pas destiné au public ; aucune préface ne l'accompagnait, les journaux n'en reçurent aucun exemplaire et leurs colonnes, si souvent bienveillantes pour l'écrivain débutant, ne continrent aucun de ces articles louangeurs qui font connaître un nom nouveau. Le Napoléon III, par M. Bretin (du Jura), fut présenté à l'Empereur qui agréa cet hommage et témoigna toute sa satisfaction à l'auteur. Quand on est jeune et qu'on a fait un volume de poésies, surtout si ce volume a été accueilli avec faveur, il n'est pas difficile de prédire que l'auteur ne s'arrêtera pas à ce coup d'essai ; mais ce qui se fait assez ordinairement, c'est que l'auteur rémunéré remercie à peine ceux qui ont récompensé son génie et qu'il se hâte de porter son encens à de nouveaux autels. M. Bretin a été plus fidèle pour l'objet du culte qu'il s'est choisi ; le voici qui redescend de ses montagnes avec un nouveau volume portant le même titre que le premier et, comme celui-ci, entièrement consacré à la gloire de l'Empereur.
Si la Poésie est un reflet des tendances et de la civilisation du peuple et du siècle auxquels appartient le poète, on ne sera pas étonné de trouver dans le volume de M. Bretin ces chants religieux, ces hymmes patriotiques qui, aujourd'hui plus que jamais, ont des échos si puissants dans le cœur de la nation tout entière. Sa muse à la fois catholique et militaire se distingue par une étonnante facilité ; son vers coule rapide et sûr, et jamais l'expression ne fait attendre la pensée.
Au moment où le pays se prépare à une grande lutte, que ce volume de vers soit le bien-venu. La France en tout temps n'a-t-elle pas vu les poètes et les guerriers se lever et se donner la main pour la chanter et pour la défendre ?