Extrait :
Toute la doctrine de Nietzsche repose sur la conception et l'adoration d'une sorte de déité métaphysique qu'il appelle la puissance. À la volonté de vie que Schopenhauer avait placée au cœur de l'être, il substitue « la volonté de pouvoir et de domination ». Nous retrouvons, dans cette idée de puissance en déploiement, la vieille notion romantique dont s'étaient nourris tous les littérateurs depuis Schlegel jusqu'à Victor Hugo, tous les philosophes depuis Fichte, Schelling et Hegel jusqu'à Schopenhauer. Des forces qui se répandent sans autre but qu'elles-mêmes ou pour des buts qu'il leur plaît de poser, n'est-ce pas l'idée fondamentale par où le romantisme s'oppose à l'intellectualisme classique, aux notions d'ordre, de loi, d'harmonie, d'intelligibilité et, en unseul mot, d'intelligence ? La puissance de l'orage et de la tempête qui tourbillonne sans raison, la puissance de l'océan qui se soulève sans rien atteindre, la puissance de la montagne...
Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philologue, philosophe et poète allemand né le 15 octobre 1844 à Rocken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Allemagne.
L'œuvre de Nietzsche est essentiellement une critique de la culture occidentale moderne et de l'ensemble de ses valeurs morales (issues de la dévaluation chrétienne du monde), politiques (la démocratie, l'égalitarisme), philosophiques (le platonisme , mais surtout le socratisme, et toutes les formes de dualisme métaphysique) et religieuses (le christianisme et le bouddhisme). Cette critique procède d'un projet de dévaluer ces valeurs et d'en instituer de nouvelles dépassant le ressentiment et la volonté de néant qui ont dominé l'histoire de l'Europe sous l'influence du christianisme ; ceci notamment par l'affirmation d'un Éternel Retour du même et par le dépassement de l'humanité et l'avènement du surhomme. L'exposé de ses idées prend dans l'ensemble une forme aphoristique ou poétique.
Peu reconnu de son vivant, son influence a été et demeure importante sur la philosophie contemporaine de tendance continentale, notamment l'existentialisme et la philosophie postmoderne ;
Alfred Fouillée étudia à Laval. D'abord répétiteur, il prépara seul l'agrégation de philosophie. Reçu premier, il enseigna à partir de 1864 la philosophie successivement dans les lycées de Douai, de Montpellier et de Bordeaux. Ses études sur Platon (1867) et Socrate (1868) furent couronnées par l'Académie des sciences morales et politiques.