Bien des hommes sont un peu Orphée dans ce qu'ils recherchent souverainement pour apaiser leurs tourments : poètes, bravaches, fous, inconstants, jaloux, faibles et défaillants ; ils finissent dévorés et la tête emportée par les flots.
Ma prison est sans murs et les geôliers sont morts.
Je l'emmène en tout lieu, et revient quand j'appelle.
Car elle est dans mon crâne hanté d'un grand remords.
J'écarte les curieux, agitant ma crécelle,
Et sans répit, je traîne ma carcasse pourrie.
Quand j'aurai fait le tour de la Terre qui est ronde
Et que j'aurai trouvé l'endroit le plus immonde,
J'étendrai ma dépouille trop chichement nourrie.
Je laisserai venir les monstres et les bêtes
Pour qu'ils se repaissent d'un vain repas de fête ;
Ils ne feront sans doute pas trop la fine bouche.
Enfin, donnerez-vous le coup de délivrance
À ma charogne atroce ? Courage ! Sans vengeance,
On ne commet pas crime à tuer une mouche !