Papiers de Barthélémy

Après seize années d'interruption, causée par la mort prématurée du regretté Kaulek, la Commission des Archives diplomatiques a décidé la reprise et la terminaison de la publication de textes entreprise par lui, de 1885 à 1894. Comme suite à la négociation de la paix avec la Prusse, conclue par Barthélemy à Bàle, le 5 avril 1795, devait logiquement venir celle de la paix avec l'Espagne, conclue également à Bâle, le 22 juillet de la même année, et qui marque en quelque sorte l'apogée de la carrière diplomatique de cet ambassadeur.
François Barthélemy était né le 20 octobre 1747, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Entré aux Affaires étrangères sous les auspices de son oncle, le bon abbé Barthélemy, l'académicien humaniste, ami de Choiseul, il avait été secrétaire d'ambassade et chargé d'affaires à diverses reprises, en Suède, sous Modène et Vergennes (1768), à la Cour impériale de Vienne, sous Breteuil (1775), et enfin en Angleterre, sous Adhémar (1784). Promu ministre plénipotentiaire dans ce dernier poste le 16 septembre 1787, il l'occupait encore quand le ministère royal décida, le 1er janvier 1792, son envoi comme ambassadeur en Suisse ; arrivé à Bâle le 12, il y recevait bientôt ses instructions en date du 22.
Barthélemy, diplomate de carrière, apportait au gouvernement le précieux concours d'une longue expérience. Doux et modéré de caractère, instruit, aristocratique de goûts et de tendances, à la fois prudent etavisé, il sut se faire écouter de la Convention nationale comme du Directoire exécutif, et ne craignit pas quelquefois de devancer ou de rectifier leurs ordres lorsqu'il le jugeait utile aux intérêts de la nation.
Établi le plus souvent à Baden en Argovie, non loin de Zurich, dans un logis que le prince Eugène, au début du siècle, avait occupé quelque temps, travaillant tout le jour ou méditant sous les ombrages de son jardin, il aimait le soir à tenir table ouverte, et y recevait une société jeune et cultivée, composée en partie d'étrangers dont il tirait d'adroits renseignements et de profitables leçons. « Cet ambassadeur, dit très justement Sorel, avait les façons et les habitudes du monde diplomatique. Ses liaisons de « carrière » lui facilitèrent singulièrement son rôle. La considération personnelle dont il jouissait, sa réputation d'homme discret et de galant homme lui permirent d'adoucir les premiers froissements et de rompre la première glace. Nul n'était plus propre à relier la politique de la nouvelle France à celle de l'ancienne... Au temps de la guerre à outrance, le Comité de Salut public avait trouvé en lui un informateur très utile ; il trouvait maintenant un négociateur fort expert. C'était une bonne fortune, dont il sut profiter. »
Barthélemy trouva d'ailleurs, dans son entourage immédiat, des auxiliaires actifs et éclairés. Il se loue à diverses reprises, dans le cours de cette correspondance, de Marandet, son premier secrétaire, qui « fait preuve d'un zèle et d'une intelligence infinis ».
Laquiante, le deuxième secrétaire, en maint endroit a sa part des mêmes éloges. Nous retrouverons plus loin un autre Alsacien, Bacher, secrétaire-interprète, chargé le 27 thermidor an III (14 août 1795) d'une négociation particulière, l'échange de Madame Royale contre les conventionnels prisonniers de l'Autriche. Enfin les sieurs Troëtte père et fils, le premier, caissier des fonds de la France en Suisse, le second, payeur général des dépenses, complètent à ce moment le personnel de notre ambassade à Bâle.

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