Quantité d'aimables voisins, beaucoup de musique, la chasse au renard, le lawntennis quand il fait beau et cinq repas par jour ! c'est une très honnête existence, quand avec cela on ne déplait pas trop à ses paysans et qu'on n'est pas exposé à être visé par eux au coin d'un bois.
Mon Dieu ! Je sais bien que je n'ai pas qualité pour parler, n'ayant pas encore été assassiné et n'ayant pas même aperçu les « moonlighters. » Ces vagabonds sont peut-être moins nombreux et moins dangereux que la renommée ne le dit ; néanmoins ceux qui les ont rencontrés n'ont pas trouvé la chose très drôle ; ne la trouvent pas drôle non plus, les malheureux landlords qui traînent après eux une escorte de policemen et en sont réduits à réquisitionner pour se soustraire aux effets du boycottage, cette monstrueuse invention qui a du sortir d'une cervelle de sauvage et la trouvent encore bien moins drôle les mutilés, ceux auxquels un coup de feu, lâchement tiré de derrière un mur, a enlevé un bras ou une jambe ; la Land-League, en effet, préfère marquer ainsi ses victimes qui portent ensuite partout les traces de sa puissance ; rien ne sert mieux ses intérêts en consolidant le gouvernement de la peur ; qui oserait se soustraire au joug des chefs qui punissent de cette façon-là ? À vrai dire on commence parfois par marquer votre bétail ; toutes vos vaches se réveillent un beau matin avec la queue coupée, c'est une manière d'avertissement. Il serait temps, ce semble, de mettre fin à ces sanglants enfantillages.