J'avais commencé, en 1916, la publication des poésies de Peire Raimon de Toulouse dans la revue l'Auta, organe de la Société des Toulousains de Toulouse. Malgré la bonne volonté de la Société et de son président, les circonstances ne se prêtèrent pas à la continuation de ce travail. Je l'arrêtai donc, après avoir publié quatre pièces. Cette édition était destinée à des lecteurs non initiés, en général, à la philologie romane, mais connaissant leur langue maternelle. Il nous faudrait bien décider, en attendant des éditions critiques qui ne paraissent qu'à de longs intervalles et qui ne paraissent pas toutes en France, à avoir des éditions provisoires de nos troubadours, dont le texte serait emprunté à quelques bons manuscrits. Nos troubadourset je dis nos à desseinne sont pas faits exclusivement pour servir de thème à des exercices philologiques. Ce sont des poètes, facilement abordables, et dont la poésie n'est pas tout à fait éteinte, malgré les ans. Nous ne savons quand tous nos troubadours, même quelques-uns des plus grands, seront édités d'une manière critique. Faut-il se résigner jusque-là à les lire dans les recueils introuvableset d'un si joli aspect typographique!de Mahn ou dans le recueil, plus beau typographiquement, mais aussi rare, de Raynouard? Nous ne le croyons pas. Une Bibliothèque Romane, où seraient publiés les vingt ou trente troubadours les plus marquants, serait la bienvenue. Elle n'empêcherait pas la préparation des éditions critiques, qui arrivent à leur heure, et elle procurerait de belles joies aux amoureux de notre poésie. Notre édition n'a pas d'autre ambition. Nous pensons qu'elle rendra des services à nos études; et on ne sera plus obligé, en ce qui concerne Peire Raimon, d'aller chercher les membra disjecta poetae, et d'un bon poète, dans les recueils les plus disparates et les plus rares.