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André

Papa ?

J'ai une mauvaise nouvelle à t'apprendre.

Je m'efforçai d'entrevoir le visage de mon père, dont le pantalon et le paletot blancs, à cette heure, semblaient avoir gardé un reste de lumière ; mais il me fut impossible de le distinguer : trop de lianes obscurcissaient la nuit de notre terrasse.

Est-ce que maman ? murmurai-je.

Il ne s'agit pas de ta mère.

Quelques éclats de cuivre retentissant alors, je me retournai, et la retraite sonna au milieu du Champ-d'Arbaud. « Quelle mauvaise nouvelle avait-on à m'apprendre ? »

Les clairons jacassaient, lançaient des notes stridentes, connues ; une brise tiède soufflait, emplissant les manguiers de rumeurs ; des feuilles de palmier claquaient l'une contre l'autre ; sur deux minces pelouses, presque à mes pieds, des mouches à feu luaient ; un ruisseau babillait follement ; une sentinelle, non loin de nous, dans l'ombre, se dressait, l'arme au pied ; et, autour du Champ-d'Arbaud, à travers des feuillages noirs, mille clartés scintillaient à certaines fenêtres, papillotaient, mouraient, jaillissaient des jalousies du Gouvernement, semblable à une immense cage à poules.

La retraite cessant tout à coup, un large silence lui succéda, durant lequel des bruits de voix s'épandirent, voix de négrillons en gaieté. Puis les clairons s'acheminèrent vers la caserne, pétardant une marche, qui, pour un temps, nous vint par bouffées.

Eh bien ! papa ? demandai-je.

On me répondit :

Pœuf est en prison.

« Pœuf en prison ? Pœuf ! Pœuf ! Pœuf ! Mais, deux ou trois heures auparavant, il était encore de planton à notre porte ! Qu'avait-il donc fait ? »

Tu connais Barrateau ?

Barrateau ? l'adjudant Barrateau ? celui que je vois ici, chaque matin, au rapport ?

Oui. Tu ne le verras plus. Il est mort C'est ton ami Pœuf qui l'a tué, à coups de baïonnette.

« De baïonnette ! »

Mon Dieu ! mon Dieu ! balbutiai-je, ahuri.

Puis, je m'écriai :

Pourquoi l'a-t-il tué ?

Quant à ça, répliqua mon père, je n'en sais rien Je crois même que personne ne le sait personne, personne.

Mais, à l'air dont il insistait sur ses affirmations, je compris qu'il savait, et ne voulait pas me dire.

« Bah ! pensai-je, Robert n'est pas discret ! Robert me dira, lui ! »

Et j'évoquai la bonne tête crépue de notre cuisinier, plantée sur son grand corps, dans le jaune éclairage de ses fourneaux.

Le diable t'emporte ! reprit bientôt mon père. Comment ! c'est tout ce qu'une pareille nouvelle te fait ?

Oui, c'était, pour la minute, à peu près tout ce que me faisait la nouvelle.

Tu ignores donc que Pœuf sera sans doute fusillé ?

J'ignorais.

Allons, tiens ! va te coucher, me fut-il ordonné rudement. Tu n'as pas de cœur.

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Generi Romanzi e Letterature » Classici

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 01/11/2018

Lingua Francese

EAN-13 1230002770925

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Pœuf
 

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