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Le Reste est silence (Prix Fémina, 1909)

Edmond Jaloux
pubblicato da GILBERT TEROL

Prezzo online:
4,25

Je m'en souviens bien, c'était un dimanche. Je n'aimais pas beaucoup ce jour-là ; on me coiffait longuement et minutieusement, on m'habillait avec plus d'élégance que de coutume, et tout cela ne se passait point sans que je fusse un peu bousculé et pas mal grondé. Ensuite, nous allions à la messe, ce qui ne m'amusait pas davantage ; j'avais un livre, et je devais y suivre la cérémonie. Je le revois, ce pauvre livre : il était étroit et long, avec une reliure molle, dont les coins se tordaient et dont la couleur bleue semblait râpée. Je ne savais jamais où en était le prêtre. De temps en temps, je questionnais ma mère ; elle m'indiquait un passage de son doigt ganté, et je lisais, je lisais, avidement, sans aucun souci d'être en rapport avec l'office, puis, quand j'avais une grande avance, je m'arrêtais et tombais dans une méditation profonde. J'étais surtout vexé qu'on me défendît de parler et de tourner la tête quand j'entendais quelqu'un remuer derrière ma chaise.

Mais le plus terrible, le dimanche, c'était l'après-midi. Mon père avait des idées simples ; il voulait que sa femme mît sa plus belle robe et que nous sortissions ensemble. Elle était toute jeune et bien jolie, et il était fier de la montrer à son bras et d'avoir l'air de dire aux gens : « C'est moi, qui suis le mari de cette délicieuse créature » Mais elle ne prenait pas le même plaisir que lui, elle était loin de partager sur la vie toutes ses opinions, peut-être même n'en partageait-elle aucune, et la raison pour laquelle ces deux êtres s'étaient réunis, Dieu seul la sait !

Nous allions donc errer là où les bourgeois du dimanche se réunissent, sous les grands arbres des jardins publics et des boulevards. Je crois que cette lente promenade solennelle m'ennuyait autant que ma mère. En revenant, nous entrions souvent dans un café, toujours le même. On me donnait un « canard » et je m'amusais longuement de voir le café à la crème creuser un minuscule Maëlström dans le verre de papa, quand on y tournait, très vite, une petite cuiller. Après quoi, mon père tenait à ce que l'on rendît visite à sa sœur. Elle était mariée avec un avoué et avait quatre enfants. C'était une petite femme grosse, rouge, remuante, tracassière, avec une figure large et toujours luisante, comme si on l'huilait chaque matin de peur d'en entendre grincer les articulations. Mais, hélas ! on n'huilait pas de même les ressorts de son caractère, et ils en auraient eu grand besoin. Elle détestait sa belle-sœur ; chaque dimanche, elle lui adressait des paroles désagréables, parce qu'elle était trop élégante, ou parce qu'elle n'avait qu'un fils, ou parce qu'elle était trop jeune, ou bien encore elle établissait des comparaisons fâcheuses entre mon individu et ses quatre rejetons, voyous malpropres, bruyants et grossiers, toujours ivres d'une joie de cannibales et qui me martyrisaient par leurs farces brutales et sournoises. Ma mère et moi, nous nous entendions secrètement dans la même haine et le même mépris de cette famille que mon père adorait. Et le soir, au retour, mes parents se disputaient, maman déclarant que c'était la dernière fois qu'elle mettait les pieds chez sa belle-sœur Irma, qui n'était bonne qu'à la rabrouer, et lui répondant à ma mère qu'elle était d'une susceptibilité ridicule, que sa sœur était excellente et qu'il n'allait pas se fâcher avec elle pour de sottes histoires de femmes Non, le dimanche n'était pas un jour bien gai

Mais il y en eut un où tout alla particulièrement mal. Pendant la messe, je me retournai fréquemment pour voir une fillette placée derrière moi et qui avait les plus jolis cheveux du monde, répandus sur ses épaules. Ma mère se pencha plusieurs fois pour me dire : « Si tu ne te tiens pas mieux, tu n'auras pas de dessert » Le dimanche, mon père portait des gâteaux, et j'étais très gourmand. Mais l'attrait de la désobéissance et celui de la fillette m'incitèrent à ne rien vouloir entendre. Et ma mère déclara : « Tu seras privé de

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Generi Romanzi e Letterature » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 21/03/2020

Lingua Francese

EAN-13 1230003765104

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