Ophélie est morte. On l'a retrouvé noyée au petit matin. Son corps flottait entre les joncs et les herbes folles. Je reste un moment sans rien dire, sans même oser y croire. C'est un petit village, on se connait tous. Cette adolescente, il n'y avait pas si longtemps gardait encore une ribambelle de marmots après la classe. En cette matinée printanière elle ressemble à un mirage, un tableau morbide et romantique, idole lointaine et vespérale. Sa silhouette fantomatique gisait là, le long d'une rive bucolique surplombée par le balai iridescent des demoiselles et des libellules. Si on y avait pas pris garde on aurait pu croire la jeune fille encore vivante, se laissant flottée oisivement dans l'onde claire. Mais Ophélie est morte.