La vie de Shakespeare, dont on ne sait au fond presque rien, sinon que le natif de Stratford s'est imposé de manière fulgurante sur les scènes de Londres à la fin du XVIe siècle en écrivant, montant et jouant trente-sept pièces de théâtre, a sans doute moins d'intérêt que celle de ses personnages qui peuplent, encore aujourd'hui, notre imaginaire : Pourquoi Hamlet hésite-t-il à tuer le meurtrier de son père ? Pourquoi Othello se laisse-t-il persuader par le perfide Iago d'étouffer sa femme ? Pourquoi le féroce Richard III, qui se vante de « tuer en souriant », nous émeut-il ? Pourquoi le redoutable Shylock, qui réclame une « livre de chair » à son débiteur, nous convainc-t-il de son bon droit ? Pourquoi Falstaff nous fait-il rire aux larmes ? Avec son théâtre, Shakespeare a pour ainsi dire épuisé toutes les possibilités psychiques recensables. En quoi il est, plus que les autres, un génie universel.