Vers la fin d'une belle journée du mois de juin, un dimanche, attendant que le coucher du soleil me permît de sortir de Tolède et d'aller respirer un peu d'air dans la plaine, ou sur les bords du Tage, je me promenais, à l'ombre, sous les arcades qui entourent la Plaza Major. La chaleur avait été tout le jour étouffante ; aussi, peu de personnes encore se hasardaient-elles dans les rues ; la ville semblait déserte. J'allais, je venais donc presque seul, sous les galeries, regardant machinalement dans les boutiques ouvertes. Comme je passais devant celle d'un sombrerero [1], je vis au fond, une table couverte de rubans et de fleurs, et parmi ces fleurs, comme une image de vierge ou d'enfant Jésus en cire. On eût dit une de ces petites chapelles qu'on rencontre à chaque pas, dans nos rues à l'époque de la fête-Dieu.
M'étant arrêté près de la porte, j'examinais curieusement cette espèce d'autel, me penchant dans la boutique afin de mieux voir, lorsqu'une jeune femme que je n'avais pas encore aperçue, venant gracieusement vers moi, me fit signe d'entrer.