Où était donc alors cet homme illustre, où était sa gloire, ses vertus,
son nom ? L'homme illustre c'était quelque chose d'infect, d'indécis,de
hideux, quelque chose qui répandait une odeur fétide, quelque chose dont
la vue faisait mal.
Sa gloire vous voyez, on le traitait comme un chien de basse qualité.
Car tous les hommes étaient venus là par curiosité oui par curiosité
poussés par ce sentiment qui fait rire l'homme à la vue des tortures
de l'homme, poussés par ce sentiment qui excite les femmes à montrer
leurs belles têtes blondes aux fenêtres un jour d'exécution. C'est ce même
instinct naturel qui porte l'homme à se passionner pour ce qu'il y a de
hideux et d'amèrement grotesque.
?ant à ses vertus on ne s'en souvenait plus. Car il avait laissé des
de?es après sa mort, et ses héritiers avaient été obligés de payer pour lui.
Son nom ? Il était éteint, car il n'avait point laissé d'enfants. Mais
beaucoup de neveux qui soupiraient depuis longtemps après sa mort.
Dire qu'il y a un an cet homme-là était riche, heureux, puissant,
qu'on l'appelait Monseigneur, qu'il habitait dans un palais et que maintenant,
il n'est rien, qu'on l'appelle un cadavre et qu'il pourrit dans un
cercueil. Ah l'horrible idée ! et dire que nous serons comme cela nous
autres qui vivons maintenant, qui respirons la brise du soir, qui sentons
le parfum des fleurs. Ah c'est à en devenir fou.
Dire qu'après ce moment-là il n'y a rien rien et toujours le néant,
toujours, voilà encore qui passe l'esprit de l'homme. Oh vraiment est-ce
qu'après la vie tout est fini et fini pour l'éternité ? Dites, est-ce qu'il ne
subsistera rien ?