Jean-Théodore-Hubert Weustenraad naquit le 14 brumaire an XIV, (15 novembre 1805), à Maestricht, alors chef-lieu du département français de la Meuse-Inférieure. Les Maestrichtois se regardaient comme des Belges et, en 1830, ils furent parmi les plus ardents patriotes. On sait que leurs tentatives d'émancipation furent vaines et que Maestricht, tenue en respect par sa garnison, resta hollandaise. Ils s'établirent alors en assez grand nombre dans le nouveau royaume de Belgique, qui compta parmi eux plus d'un citoyen distingué. Aujourd'hui encore les Maestrichtois, bien qu'incorporés depuis un siècle au royaume des Pays-Bas, gardent un certain particularisme : ils sont maestrichtois ou limbourgeois avant tout et n'aiment pas d'être confondus avec les Hollandais proprement dits, leurs concitoyens du nord.
Le père du poète, Michel Weustenraad, avait fait les guerres de la République dans la cavalerie, sous Kellermann. C'est lui, le « vieux soldat » dont parlent les premiers vers du Haut-Fourneau[1], et le souvenir de ses récits de guerre avidement recueillis par l'oreille d'un enfant inspira sans doute mainte strophe des Poésies lyriques où s'évoque l'épopée napoléonienne. En 1805, l'ancien soldat exerçait les fonctions d'avoué près le tribunal de Maestricht. Le digne homme eut seize enfants, dont Théodore fut l'aîné. Une vive affection unissait celui-ci à sa sœur cadette Marguerite, jeune fille intelligente et comme lui éprise de littérature, qui devait être un jour la mère de l'éminent diplomate belge Emile Banning. J'aurai à parler plus loin d'un de ses frères, nommé Antoine, qui, se destinant à la carrière des armes, entra à l'Académie militaire de Bréda...