Voici le pays qui fascine Pierre Perrault, celui du quotidien des humbles, des pecheurs de Tete-a-la-Baleine, des chasseurs de loups-marins de L'Anse-Tabatiere, de ce peuple nomade que sont les Innus, encore nommes Montagnais au temps ou il rédige une première version de ces pages, au début des années 1960, c'est-à-dire à l'heure où il va bientôt tourner ce chef-d'œuvre du cinéma documentaire qu'est Pour la suite du monde. Perrault parcourt le fleuve Saint-Laurent, sur les ailes d'une esthetique bien a lui, jusqu'à Blanc-Sablon et Sept-Iles, la ou les fragments de terre dissemines au milieu des eaux sont si nombreux que Jacques Cartier, dans ses récits de voyage, les a baptises «toutes isles». Toutes isles compte parmi les livres les plus importants de l'œuvre foisonnante de Pierre Perrault. Peu de temps avant sa mort, il travaillait à une ultime version, publiée ici pour la première fois telle qu'il l'avait envisagée.