À deux kilomètres et demi de la Rochelle, en se dirigeant vers le port récent de La Pallice, on rencontre le coquet petit bourg de Saint-Maurice.
C'est un village bâti en pierres de tailles, dont les murs, d'une éclatante blancheur, annoncent de loin « des intérieurs gouvernés à la baguette par d'irréprochables ménagères[1] ».
À droite de ce village apparaît le vieux cimetière, resserré par un petit mur qui se rattache à quelques maisons. Aucune sépulture nouvelle n'y est faite, mais les anciennes tombes, érigées avec goût, se remarquent toutes par le soin méticuleux que l'on apporte à les entretenir.
Des cyprès nombreux et élancés et des tamaris ombragent ce coin de terre sacrée, et tout auprès, vers le sud, à travers les feuillages de gros ormeaux l'on aperçoit la grande mer bleue qui s'étend à l'infini, et dont le bruit arrive jusque-là comme une musique lointaine, calme et apaisante.
Le peintre Fromentin y repose dans un bosquet de verdure.
Quelques familles de la vieille noblesse rochelaise dont les noms figurent avec éclat dans les guerres de religion, y dorment également leur dernier sommeil.
À gauche, en entrant, tout près de la porte, se dresse une pierre funéraire haute de un mètre quatre-vingts centimètres environ, ayant la forme d'une urne renversée, très allongée, et ressemblant quelque peu au tombeau d'Alfred de Musset, au Père-Lachaise.
Quelques minuscules saules pleureurs autour de cette tombe, très négligée, végètent misérablement, comme ceux du reste que l'on plante chaque année sur la sépulture de Musset...