Une soif d'océans

Notre voyage à nous est bien réel !

» C'est tout son intérêt. Nous remettons donc notre voyage en route avec cette nouvelle édition. Près de trente années après sa première parution Cela nous fait un de ces effets ! Pourtant nous n'avons pas l'impression d'avoir vieilli. à cette époque, nous naviguions comme Christophe Colomb ou presque, un loch et un récepteur radio ondes courtes en plus qui nous permettait de contrôler l'heure à la seconde près, de la montre qui nous servait de chronomètre. Nos cartes, limitées en nombre et pour la plupart d'entre elles, périmées ou relevées à main levée ou sur papier calque, tenaient des portulans. Notre compas de route, inapproprié à un voilier en acier, subissait les influences des masses métalliques et nous donnait donc des indications entachées d'erreurs. Notre régulateur d'allure, dit pilote automatique, confectionné par mes soins, nous dispensait certes de barrer, mais au détriment du cap. Sous sa conduite, Motu-Nui traçait une route empreinte de longues sinusoïdes qui nous pénalisaient de 10 à 12 milles par jour. Seul le sextant, qui coûtait à cette époque un prix astronomique, était de très bonne qualité et fort précis. Aujourd'hui, le GPS exclut toute incertitude quel que soit le temps, de jour comme de nuit. Quand on navigue au sextant, on a l'angoisse de l'atterrissage, mais aussi une réelle satisfaction. Avec un GPS on n'a plus d'angoisse, mais aussi plus du tout de satisfaction. Avec l'aide de cette électronique, durant tout le Pacifique, j'aurais pu affirmer sans hésitation, que nous ne bénéficiions pas de courant portant mais contraire, au lieu de mettre en doute mes observations et calculs. Ce courant contraire, était-il déjà un signe avant-coureur d'El Nino ? Nul n'en parlait encore. »

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