Le cadre de ce récit s'est élargi pendant que je l'écrivais, en 1877. Tant d'images repassaient sur le miroir où j'avais voulu saisir un reflet de la vie levantine ! Il ne devait être, dans mon intention première, qu'un document pour l'étude de l'esprit oriental ; il fut esquissé après une discussion où l'on s'était efforcé de déterminer les caractères particuliers de cet esprit : elle avait roulé sur les erreurs qui égarent le politique et l'historien, quand ils jugent les orientaux avec notre mentalité occidentale.
Mais avais-je alors le droit de me réclamer de cette dernière ? Peut-être en étais-je aussi éloigné que Vanghéli, après six années de séjour et de voyages en Turquie. Le vagabond Syrien et ses pareils étaient depuis longtemps mes compagnons fraternels, à une époque où je soupçonnais à peine « l'esprit parisien », où je venais seulement de prendre contact avec « l'âme russe ».
Oserais-je contrarier ici les critiques qui firent l'honneur d'appliquer leurs facultés psychologiques à mes premiers travaux ? Ils m'ont composé une figure toute russe, ils ont ingénieusement expliqué la plupart de mes écrits par des influences slaves.