Pour les touristes de profession, un voyage en Grèce a d'ordinaire son programme tracé ; la plupart séjournent de préférence sur les points célèbres, dans telle ville fameuse, et ne s'extasient qu'en face des monumens consacrés par une gloire séculaire. Je me trompe fort, ou parcourir ainsi le Levant, ce n'est le voir qu'à demi. L'aspirant de vaisseau que les hasards d'une campagne dans l'Archipel auront promené d'île en île, des côtes d'Europe aux rives d'Asie, en sait plus long sur l'Hellade que beaucoup de ces visiteurs, qui se conforment aux prescriptions d'un méthodique itinéraire. Les scènes que j'essaie de retracer montreront peut-être combien la vie de marin ajoute de charme et d'imprévu à l'existence du voyageur, et ce que les beaux sites de la Grèce gagnent à apparaître ainsi brusquement, un peu sans ordre, au milieu des naïves admirations de la jeunesse et du premier éveil de la pensée.