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En ce logis dévasté par la douleur, l'orpheline est seule. Son corps souple et frêle, qu'affine encore la mince étoffe noire, s'affaisse sous le poids d'une peine trop lourde. Elle demeure inerte, la pensée éteinte. Meurtris par les deux nuits de veillée funèbre, brûlés par tant de pleurs répandus, ses grands yeux de pervenche errent sans regard à travers la pièce sombre déjà, où flotte cet on ne sait quoi de lugubre qui est comme l'odeur de la mort.

Dans ce salon luxueux, de froide élégance Louis XVI, l'ombre va s'épaississant. Du dehors ne pénètrent plus que faiblement les blêmes lueurs d'un déclin de journée grise et mouillée. La jeune fille en deuil ne songe point à donner la lumière. Ce n'est pas les domestiques qui y penseront. Au fond de leur office ils tiennent grand conciliabule. Dans l'évidente débâcle leurs gages en retard seront-ils payés ?

L'orpheline a l'intuition de ce qui se passe dans ces basses cervelles et n'ose plus donner d'ordres. À cinq heures cependant, par le jeu automatique du service, on lui a apporté le thé, la femme de chambre a même insisté pour qu'elle goûtât.

Il faut bien que mademoiselle se soutienne. Voilà deux jours qu'elle ne prend rien. Elle finira par tomber malade.

C'est d'un timide merci que la jeune maîtresse a accueilli l'attention. Le plateau est encore là, sur la table de laque ; le samovar s'est éteint, la théière s'est refroidie. Et l'orpheline est seule. Quelques amies, à la vérité, l'ont entourée depuis le tragique événement, ce matin l'ont soutenue sur ce chemin de croix de l'église, du cimetière, l'ont ramenée chez elle quand tout fut consommé. Elles l'ont assurée de leur sympathie, lui ont fait des offres de service. Puis elles sont retournées à leurs affaires, à leurs plaisirs. Elle est seule, anéantie, abîmée dans son chagrin, plus cruel cent fois que celui habituellement causé par la mort d'un père.

Une sonnerie électrique la fait tressaillir. Le cousin Sigebert sans doute qui rentre. N'ouvre-t-on donc point, et faut-il qu'elle y aille ? Mais si : voilà qu'on parle dans l'antichambre. C'est bien la grosse voix enrouée du notaire qui répond à celle, respectueusement étouffée, de Joseph. Retombée sur le siège où, depuis plusieurs heures, elle demeure comme paralysée dans son accablement, elle n'entend pas le colloque et les brusques répliques de son cousin aux insinuations obséquieuses et sournoises du valet de chambre.

Mais oui, mais oui, ne vous inquiétez point Vous êtes créanciers privilégiés Si mademoiselle restera ici ? Non pas, dites à la femme de chambre de préparer ses malles Je l'emmène chez moi. Dans quelques jours je reviendrai. Pour le moment vous êtes gardien des scellés. Tenez-vous tranquille et prenez soin de tout.

Aussitôt que Me Sigebert est entré dans le salon, suivi du domestique qui tourno les commutateurs, la jeune fille se dresse, angoissée. Lorsque, repris de zèle pour le service depuis qu'il se sait investi d'un privilège, Joseph a baissé les stores de soie claire, remis en ordre quelques meubles, qu'il est sorti enfin, empor¬tant le plateau, Me Sigebert s'éclaircit la voix.

Eh bien ! ma pauvre petite Louise, vous sentez-vous un peu mieux ? Vous avez pris votre thé, je vois C'est bien. Il faut réagir, ne pas laisser vos forces s'abattre

Par une habitude machinale d'hospitalité :

Vous en voulez peut-être ? balbutie-t-elle, sachant à peine ce qu'elle dit Je vais sonner

Non, non, merci, je n'ai besoin de rien. Ne vous occupez pas de moi.

Elle n'y pense déjà plus. Prenant la main du notaire, qui s'est assis auprès d'elle, sur le canapé, d'une voix étranglée par les larmes qu'héroïquement elle refoule :

Oh ! mon cousin, dites-moi bien toute la vérité, je veux savoir

La vérité ! Hélas ! ma pauvre enfant, c'est une pénible mission que la mienne. Ce que j'ai appris au cours de mes hâtives démarches ne confirme que trop les apparences pre

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Generi Romanzi e Letterature » Classici » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 04/02/2021

Lingua Francese

EAN-13 1230004522553

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