Lorsque Hans Cadzand était né, l'antique demeure de la rue de l'Âne-Aveugle fut en fête. Le vieux visage noirci de la façade s'égaya du rire blanc des rideaux de tulle aux vitres, que Mme Cadzand avait voulu neufs aussi, et clairs, pour ce divin moment de la nativité. Joli trousseau des fenêtres qu'on avait préparé, parallèlement avec celui de l'enfant. Ah ! tous les frais matins, les longs soirs durant lesquels on avait, dans la maison, cousu, taillé, brodé, festonné ces blancheurs ! Joie de la future mère à élaborer, à réaliser dans la plus fine toile, la plus immatérielle batiste, à raffiner de dentelles, ce qui entourerait les membres et le sommeil du petit. Elle avait tenu à faire elle-même la layette. Il lui semblait qu'elle seule savait la taille, les dimensions exactes, puisqu'elle seule connaissait déjà le futur enfant et en voyait la mesure en elle-même. Et puis nuls doigts étrangers sur ce trousseau infantile qui toucherait à même la chair. Confectionné et manié seulement par elle, il prendrait quelque chose de la douceur de ses mains, du mouvement de son âme. Il serait comme un prolongement d'elle-même. Et ainsi, c'est encore en elle que l'enfant se croirait quand il reposerait parmi ces linges et ces langes.