Il n'est aucun des nombreux baigneurs, que chaque année Bagnères-de-Luchon voit se presser dans son sein, qui n'ait gravi les escarpements du port de Benasque, et contemplé du haut de cet observatoire la masse imposante de la Maladetta. C'est avec juste raison que quelques voyageurs ont surnommé cette montagne le Mont-Blanc des Pyrénées. Non-seulement, en effet, elle est la plus haute de toutes les cimes de cette belle chaîne, mais encore c'est elle qui, par la majesté de son aspect, la vaste étendue de ses glaciers, la sauvage austérité de ses flancs, frappe le plus vivement l'imagination du spectateur.
Quelle que soit la prééminence de la Maladetta sur toutes ses rivales des Pyrénées elle n'a pas toujours joui dans les catalogues des hauteurs de ces montagnes du premier rang qui lui était dû. Pendant longtemps le Mont-Perdu fut regardé comme la cime la plus élevée de toute la chaîne. Nous voyons même un des plus savants naturalistes qui aient exploré ces montagnes, Picot de Lapeyrouse mettre au-dessus de la Maladetta non-seulement le Mont-Perdu, mais encore le Cylindre-du-Marboré, le Vignemale et le Pic-Long. Ce ne fut que dans les importants travaux trigonométriques de Reboul et Vidal, que la hauteur de la Maladetta fut pour la première fois déterminée d'une manière plus exacte. Ces savants assignèrent au pic de Néthou, qui est sa cime principale, une hauteur de 3,483 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce chiffre subsista comme le véritable, jusqu'à la belle triangulation des Pyrénées exécutée par MM. les officiers du génie. Cette opération réduisit cette élévation à 3,404 mètres.