On trouvera dans le travail qui va suivre le compte rendu fidèle d'une série d'observations recueillies au cours de la mission qui m'a été confiée par Monsieur Cambon, Gouverneur général de l'Algérie.
Ce haut fonctionnaire apporte, on le sait une sollicitude particulière à l'étude des problèmes qui se rattachent à la question indigène.
Il a étudié les moyens à employer pour améliorer le sort de la population arabe et l'une des innovations qu'il préconise à cet égard est la création d'hôpitaux de campagne établis dans les régions éloignées (Kabylie, M'zab, Aurès).
L'Aurès semble avoir attiré spécialement son attention, et l'on ne saurait s'en étonner si l'on considère que cette région sollicite à la fois l'intérêt par les richesses naturelles de son sol et les qualités propres aux Chaouïas qui l'habitent.
Il m'apparaît comme évident, après le voyage que je viens de faire, que ces indigènes se distinguent des autres tribus algériennes par une intelligence plus saine et plus pratique, et qu'ils présentent à un haut degré les caractères de perfectibilité qui font très souvent défaut à leurs congénères.
Ce qui m'a frappée surtout au cours de ma mission, c'est l'empressement des malades à venir solliciter mes soins, la confiance complète dans le traitement institué, l'influence rapide que j'aurais pu acquérir sur leur esprit.
On n'ignore pas que depuis la conquête de l'Algérie nos efforts, pour nous assimiler les Arabes, sont restés à peu près stériles.
Les flatteries, les rigueurs n'ont abouti à aucun résultat sérieux. L'Arabe demeure réfractaire à toutes les tentatives de civilisation........