Or, pendant un de ces mille voyages dont je vous parlais tout à l'heure,
j'étais sur un bateau à vapeur remontant le vieux Rhin, comme l'appellent
les Allemands, et suivant des yeux, ma carte et mon guide sur la table,
tous ces beaux châteaux dont le temps, pour me servir d'une expression
d'un poète de nos amis, a émie?é les créneaux dans le fleuve. Chacun venait
au-devant de moi, me racontant son passé plus ou moins poétique,
lorsqu'à mon grand étonnement, j'en aperçus un dont le nom n'était pas
même porté sur ma carte ; j'eus alors recours, comme je l'avais déjà fait
plus d'une fois depuis Cologne, à un certain M. Taschenburch, né en
1811, c'est-à-dire la même année que ce pauvre roi qui n'a jamais vu son
royaume. Celui auquel je m'adressais était un petit homme représentant
assez bien un carré long, tout confit de vers et de prose, qu'il débitait au
premier venu qui prenait la peine de le feuilleter...