Selon quelques militaires de bonne foi, ce?e ivresse de la victoire ressembla
singulièrement à un pillage, que le maréchal sut d'ailleurs promptement
réprimer. L'ordre rétabli, chaque régiment parqué dans son quartier, le
commandant de place nommé, vinrent les administrateurs militaires. La
ville prit alors une physionomie métisse. Si l'on y organisa tout à la française,
on laissa les Espagnols libres de persister, *in pe?o*, dans leurs
goûts nationaux. Ce premier moment de pillage qui dura pendant une
période de temps assez difficile à déterminer, eut, comme tous les événements
sublunaires, une cause facile à révéler. Il se trouvait à l'armée du
maréchal un régiment presque entièrement composé d'Italiens, et commandé
par un certain colonel Eugène, homme d'une bravoure extraordinaire,
un second Murat, qui, pour s'être mis trop tard en guerre, n'eut ni
grand-duché de Berg, ni royaume de Naples, ni balle à Pizzo...