L'heure est blonde et rieuse, à l'aube de la vie,
Quand, d'une aile enjouée, alerte elle confie
Au matin ses essors.
Ô les premiers réveils
Et leur chant d'alouette ivre de rais vermeils !
Même de l'espérance insoucieuse, folle,
Vers les proches avrils et leur miel elle vole
En un vol si léger de joli papillon,
Que, la voyant passer, la fleur et le rayon
Jalousent, celui-ci sa lumière d'aurore,
Celle-là sa beauté fraîche qui vient d'éclore.
Heureuse, où t'en vas-tu, belle heure sans souci,
Toi qui sembles porter aux vieux soirs un défi,
Ignorante des maux et ne te doutant guère
Que ton aînée, ici, née à peine naguère,
Ayant bientôt vécu son passager moment
De terrestre bonheur, s'en ira tristement
Rejoindre, en l'infini du temps, ses sœurs, les tiennes,
Les heures d'autrefois, les heures anciennes
Qui, comme toi, volaient dans le vent du matin,
Fières de leur jeunesse et narguant le destin.