"Les primitifs (au sens conventionnel que l'on donne à ce mot), tout en distinguant fort bien du cours ordinaire des choses ce qui leur paraît surnaturel, ne l'en séparent presque jamais dans leurs représentations. Le « sens de l'impossible » leur manque. Ce que nous appellerions miracle est banal à leurs yeux, et peut souvent les émouvoir, mais difficilement les étonner. Les événements qui les frappent ne procèdent pas réellement des « causes secondes », mais sont dus à l'action de puissances invisibles. Le succès ou l'échec des entreprises, le bien-être ou le malheur de la communauté, la vie et la mort de ses membres dépendent à chaque instant de ces puissances, des « esprits », des influences, des forces, en nombre incalculable, qui entourent le primitif de toutes parts, et sont les vraies maîtresses de son sort. Bref, à en juger par ce qu'il se représente et ce qu'il craint continuellement, il semblerait que le surnaturel même fît partie pour lui de la nature..."